Cham


 

Ce terme de cham est très répandu : c'est le dos, le plateau de la montagne. De part leur nature, ces bosses sont des lieux ventés souvent couverts de landes et pâtures, voire plus minéral.
On le retrouve dans de nombreux nom de lieux : « la Cham du Cros »la pâture du plateau, Chamlonge, le long plateau, un lieu idéal pour la pose d'une bonne longueur d'éoliennes dans un endroit désert et venté. Les chams de Montselgues : Chabreille, la Vernède, du Jou ; dans des noms de hameaux, Lacham de Merle, de commune, Saint André Lachamp.... Les transcriptions sont en un ou plusieurs mots, parfois avec un p en final, ce qui a tendance à créer une confusion avec la langue française.
Le sens habite les mots, l'orthographe n'est que leur vêtement, et l'occitan n'a pas d'uniforme.

A la révolution de 1789, les noms des communes furent déchristianisés, Saint André Lachamp se nomma alors La Cham de Fer, on retrouve là la bonne orthographe de « cham », qui lui redonne son sens. Quant au terme de fer ? La nature du sol ? Autre sens ? Au jour d’aujourd’hui, je n'en connais pas lAa raison. Cette greffe républicaine, tout comme celle de son calendrier, fut rejetée.

Prés de chez moi, sur la commune de Dompnac, un autre nom de lieu, Champ Baron, a attiré mon attention. Sur ce terrain, très minéral et à forte déclivité, je ne vois pas où pourrait être placé un champ. Quant au « baron », on n'a jamais entendu parler de ça par ici. Enquête : le cadastre de Dompnac donne le sommet de Champ Baron, mais ce point est aussi une limite avec la commune de Saint Mélany, et son cadastre nomme ce point Chambarou. Je prends le nom de Cham car il s'agit bien d'un cham, quand à « barou » ?  Le terme « barou », est un bout de bois, une barre. Personnellement je me dirigerais vers un autre sens, il me semble me souvenir avoir entendu les « anciens » parler de Chambar. Les bars sont des pierres plates qui servent de carrelages, de chapeaux sur les murs des chemins, et des murettes (les faysses), de premières rangées sur le bord des toits : ce sont des lauzes très épaisses. Ces « bars » correspondent bien à la nature du terrain, ce sont des plaques de schiste qui affleurent et que l'on a extraites sur le bord du chemin qui passe par là.

A quelques communes d'ici, l'histoire a bifurqué, nous furent le pays du Vivarès (Vivarais), traversé le Chassezac au pont de Chambonas, nous entrions d’en celui d’ Uzège. Ces siècles de différence administrative en ont induit une autre, les prononciations, donc l'orthographe, a légèrement divergé, au sud le h que l'on trouve dans cham disparaît. Tout comme ceux de chastel (château) qui devient castel, chastanet,(châtaignier) pour castanet,chapel, (chapelle) capel, chambon (bonne courbe de la rivière) cambon, chalde (chaude) calde, charnier pour carnier....

Alors que ma maison tuait cochon, j’empruntai à un voisin qui, lui, ne pratiquait plus la «  tuade », sa caisse à conserver les viandes, son saloir, il ne comprenait pas ma demande, puis quant il l'a comprise s’est exclamé : «  ah, le charnier » ? Ceci devrait répondre à la question que se posent des personnes sur le sens du nom du hameau du Charnier. Il s'agit de le prendre dans son sens premier : lieu ou on entrepose les viandes, d'autant plus que la situation géographique de ce hameau, perché sur son rocher bien ventilé au nord, en fait un lieu idéal pour conserver la charcuterie. Au hameau du Charnier, actuellement, un producteur de charcuterie fermière opère.